Le futur homme fort des All Blacks, Scott Robertson, connu pour sa personnalité excentrique, a la mission de redonner toute sa splendeur à une équipe qui avait beaucoup perdu avant de se relever lors de la Coupe du Monde. Samedi, ils ont été battus de justesse par les Springboks (12-11). On ne saura jamais si le sélectionneur néo-zélandais sortant, Ian Foster, aurait esquissé quelques mouvements de breakdance en cas de victoire au Stade de France, comme Robertson en a l'habitude à chaque victoire de ses Crusaders. Ces dernières années, l'équipe basée à Christchurch a dominé sans partage le Super Rugby depuis 2017. Avec son palmarès impressionnant dans le championnat majeur de l'hémisphère Sud, Robertson, ancien joueur international, a une certaine légitimité pour occuper le poste le plus exposé du monde du rugby. Foster, qui a frôlé le licenciement l'année dernière après une série de défaites indigne du statut des All Blacks, peut en témoigner. La Fédération néo-zélandaise a finalement laissé Foster en place jusqu'à la Coupe du Monde, mais elle n'a pas tardé à lui trouver un remplaçant en la personne de Robertson, dont l'ombre planait depuis le début de son mandat. Nommé dans la continuité de Steve Hansen, dont il a été longtemps l'adjoint, Foster (58 ans) souffre de la comparaison médiatique avec celui qui est destiné à lui succéder dans les prochains mois. Plus jeune (49 ans) et plus charismatique avec son allure de surfeur, surnommé "Razor" (rasoir) en raison de sa capacité à "découper" ses adversaires lors des plaquages, Robertson deviendra la nouvelle vitrine souriante d'une des marques sportives les plus reconnues au monde. "C'est un bon gars, avec un super état d'esprit. Quelqu'un de joyeux, sympa et accessible", confirme Grégory Le Corvec, qui a côtoyé Robertson à Perpignan entre 2003 et 2006. "Il était l'une des premières stars internationales à arriver dans le championnat français", se souvient l'ancien troisième ligne de l'USAP. "Il semble proche de ses joueurs. C'est différent des standards du rugby où les entraîneurs sont souvent effacés. Il est au fait de la nouvelle génération". Le nouveau sélectionneur s'appuiera sur un staff expérimenté du Super Rugby, avec l'arrivée des anciens entraîneurs des Hurricanes, Jason Holland, et des Blues, Leon MacDonald, pour superviser l'attaque, ainsi que son ancien adjoint chez les Crusaders, Scott Hansen, pour la défense. Il devra faire face aux difficultés financières de la Fédération et aux départs de plusieurs joueurs clés vers les championnats japonais (Ardie Savea, Richie Mo'unga, Brodie Retallick, Beauden Barrett, Aaron Smith, Shannon Frizell) ou français (Sam Whitelock, Nepo Laulala, Leicester Fainga'anuku) pour des durées plus ou moins longues. Malgré cela, Robertson dispose d'un vivier intéressant de jeunes talents tels que le prometteur demi de mêlée Cam Roigard, comparé à Antoine Dupont, l'ailier Mark Telea, le pilier Tamaiti Williams et l'arrière Macca Springer, qui a brillé lors du dernier championnat du monde des moins de 20 ans. Bien qu'il connaisse déjà bien les joueurs des Crusaders, tels que le talonneur Codie Taylor, le deuxième ligne Scott Barrett et l'ailier Will Jordan, son manque d'expérience au niveau international peut susciter des interrogations, malgré son titre de champion du monde U20 en 2015 avec les Baby Blacks. Le rugby néo-zélandais est si bien structuré de la base au sommet de la pyramide qu'il ne faut pas s'attendre à une révolution en termes de jeu. Les résultats devront rapidement suivre pour le nouveau patron des All Blacks : sa passion pour le surf et le breakdance ne lui garantira pas nécessairement quatre années d'immunité médiatique. Source